Causes multiples de l’obésité

Les origines de l’obésité sont multiples et les facteurs impliqués dans son développement et son installation ne sont pas tous identifiés.

Les changements alimentaires et une sédentarité accrue jouent un rôle incontestable dans l’émergence récente de l’obésité. L’augmentation de la taille des portions, la plus grande densité énergétique, l’alimentation industrielle en excès, la disponibilité de l’alimentation, et l’évolution des prix alimentaires sont des éléments qui favorisent les consommations caloriques excessive. La sédentarité et les loisirs tels que la télévision ou les jeux vidéo, l’utilisation de la voiture et des transports en commun dans les déplacements du quotidien induisent quant à eux une diminution de l’activité physique et des dépenses énergétiques.

Mais ces facteurs influençant le bilan d’énergie, et donc le statut nutritionnel, ne suffisent pas à expliquer l’augmentation de la fréquence de l’obésité, ni « l’inégalité » des individus vis-à-vis de la prise de poids : certaines personnes prennent en effet plus de poids que d’autres, alors qu’elles ont les mêmes modes de vie.

Une prédisposition génétique à la prise de poids peut rendre compte de ces différences de susceptibilité individuelle à l’obésité. Un individu a deux à huit fois plus de chances d’être obèse si des membres de sa famille le sont eux même. Plusieurs équipes françaises, de l’Inserm et du CNRS, ont identifié de nombreux gènes impliqués dans la prise de poids, l’obésité sévère et/ou les complications de l’obésité. A noter que si chaque gène pris individuellement n’exerce qu’un faible rôle sur la masse et la composition corporelle, la contribution de ces gènes devient significative lorsqu’ils interagissent avec des facteurs externes tels que le déséquilibre énergétique. Il existe par ailleurs des obésités monogéniques liées à une anomalie sur un gène unique comme c’est le cas dans des formes d’obésité rare de l’enfant, très précoces et très sévères. L’identification de mutations dans les gènes de la voie leptine/mélanocortines a permis de faire progresser leur diagnostic et leurs traitements.

Le rôle de l’environnement, au-delà de l’alimentation et de l’activité physique, semble largement aussi important. L’horloge biologique est montrée du doigt. Elle régule sur environ 24 heures les différentes fonctions de l’organisme et le métabolisme. L’insuffisance de sommeil, l’irrégularité des repas ou encore le travail nocturne perturbent cette horloge et augmentent le risque de surpoids. Mais le stress, certains médicaments, des virus, la composition du microbiote intestinal, l’exposition à des polluants sont vraisemblablement aussi des facteurs à incriminer. Des expositions et des événements précoces au cours de la vie ont aussi leur importance, y compris ceux qui surviennent avant la naissance, voire avant la gestation. Six facteurs de risque prénatal de l’obésité ont été identifiés : tabagisme maternel, diabète ou surpoids maternel, prise de poids excessive pendant la grossesse, déficit ou excès de croissance du fœtus, milieu socioéconomique défavorable. L’influence de l’alimentation maternelle sur la survenue de l’obésité est notamment analysée dans le cadre de l’étude Elfe.

  • différentes études ont montré une association épidémiologique entre une durée de sommeil courte et un indice de masse corporelle élevé lié à l’obésité.
    Lorsque la durée du sommeil est inférieure à 5 heures par nuit, le risque d’obésité augmente de 60%.D’ailleurs, chaque augmentation d’une heure de la durée de sommeil s’accompagne d’une réduction de 9% du risque d’obésité.Ainsi un sommeil de moins de 6h multiplie par 4 le risque d’obésité comparativement à un sommeil de plus de 7h00. Cet impact est donc bien supérieur à celui de la prise alimentaire ou d’un manque d’activité physique.

Ce phénomène s’explique par une réduction de la leptine et une augmentation de la ghréline, hormone sécrétée au niveau gastrique qui stimule l’appétit.

Par ailleurs, l’obésité peut être associée à des troubles du comportement alimentaire avec boulimie et hyperphagie, dont les causes sont également multifactorielles.

Les personnes en surpoids subissent trop souvent le regard réprobateur de la société sur leurs kilos en trop. Or, le surpoids ne s’explique pas uniquement par un comportement alimentaire inadéquat.

Le saviez-vous?

Une cuillère à soupe de ketchup contient 4 grammes de sucre caché. Une seule canette de soda sucré peut contenir jusqu’à 40 grammes de sucre, soit dix cuillères à café.

«Tu n’as qu’à manger moins», «Tu n’as qu’à bouger et faire du sport»… C’est le genre de reproches que les personnes en surpoids entendent ou peuvent lire dans le regard des autres. Or, le surpoids n’est pas que le résultat d’un déséquilibre entre les calories consommées et dépensées. De nombreux autres facteurs entrent en ligne de compte. Nous ne sommes pas tous égaux face à la prise de poids.

Tout d’abord, il faut rappeler que nous vivons dans un environnement obésogène. Dans nos sociétés occidentalisées, la nourriture est en accès illimité. Les fast-foods sont ouverts pratiquement en permanence. De son côté, l’industrie alimentaire ne cesse d’innover et de proposer de nouveaux plats transformés contenant sucre, sel et graisse en excès. Une grande partie des sucres consommés aujourd’hui sont ainsi «cachés» dans des aliments qui ne sont pas considérés comme des sucreries.

La société joue elle aussi un grand rôle dans la progression de l’obésité. Le statut socio-économique, notamment, entraîne des inégalités importantes. Le risque d’être en surcharge pondérale ou d’être obèse est d’au moins 50% supérieur chez les personnes ayant un niveau éducationnel inférieur et disposant d’un faible revenu. Les hommes avec un niveau de formation correspondant à l’école obligatoire ont ainsi presque deux fois plus de risques d’être obèses que ceux qui ont suivi une formation tertiaire (19% versus 9%). Chez les femmes, ce risque triple (19% versus 5%). Parmi les groupes à risque, les personnes de nationalité étrangère sont plus touchées que les Suisses et les personnes résidant à la campagne sont plus concernées que les citadins.

Les gènes et la biologie aussi responsables

Sur le plan individuel, des travaux de recherche récents montrent que certains facteurs génétiques peuvent provoquer des changements de l’appétit et du métabolisme des graisses qui mènent à l’obésité. Mais, même si la prédisposition génétique d’une personne peut contribuer à l’obésité (70% des obèses ont au moins un parent dans la même situation), elle n’en est pas la cause primordiale. Environ 2% seulement des obésités sont secondaires à une affection médicale. Les maladies susceptibles d’entraîner une obésité sont des maladies des glandes endocrines (ou maladies endocriniennes). Les origines hormonales de l’obésité peuvent être une hypothyroïdie ou une affection de la glande surrénale.

L’avancée en âge est également un facteur important puisque la composition corporelle se modifie. Le maximum de masse maigre (muscle) est atteint à 20 ans, puis celle-ci se raréfie en raison de la sédentarité. La masse grasse, à l’inverse, a tendance à s’accumuler au niveau abdominal. Avec l’âge, les changements hormonaux influencent également le poids. À la ménopause, le déclin de la sécrétion d’œstrogène et de progestérone entraîne une altération du métabolisme lipidique qui se caractérise par une augmentation du stockage de la graisse viscérale.

Des substances en cause

Certains médicaments peuvent également favoriser une prise de poids ou freiner une perte de poids. C’est le cas de certains antidépresseurs et antiparkinsoniens, des neuroleptiques et des corticoïdes.

Mais d’autres substances, qualifiées d’obésogènes, pourraient aussi poser problème. Des recherches menées au cours de ces dernières années désignent certaines substances chimiques (voir encadré) qui se trouvent dans notre environnement comme responsables de l’obésité. Nommées perturbateurs endocriniens, elles agissent comme des hormones et perturbent les glandes qui libèrent les hormones dans le sang en les bernant. Elles interagissent donc avec notre comportement alimentaire et nos habitudes en matière d’activité physique. Nous sommes quotidiennement exposés à un grand nombre d’entre elles lors de l’ingestion de nourriture, de poussière et d’eau ou de l’inhalation de gaz et de particules présents dans l’air. Chacune d’entre elles présente des effets néfastes pour l’organisme mais, pour l’heure, on ignore l’effet «cocktail» lié à leur interaction. Le temps nous le dira.

Les perturbateurs endocriniens reconnus

Les perturbateurs endocriniens chimiques connus ne constituent que «la partie émergée de l’iceberg». Il s’agit, dans le cadre de l’alimentation, de la dioxine, et dans celui des produits de soins, des parabènes, du Triclosan, des silicones, des 4-MBC et 3-BC utilisés dans les écrans solaires, des phtalates, des bisphénols A et S. De nombreuses autres études, portant sur quantité de substances chimiques, restent encore à mener.